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Le fort national rouvre à la visite à partir du 4 juin 2024

Les heures noires de la seconde guerre mondiale


6 août 1944, Saint-Malo encore occupée par les Allemands est bombardée ; en début d’après-midi, la haute flèche ajourée du clocher de la cathédrale s’effondre. La Kommandantur allemande donne alors l’ordre de conduire tous les hommes valides de Saint-Malo au Fort National.

Le 7 août, au point du jour, après avoir quitté femmes et enfants, 380 malouins se dirigent en longue file vers le Fort où ils sont emprisonnés par la troupe allemande. Ils passèrent là 6 jours sous la mitraille, sans vivres, s’entraidant les un les autres. Hélas, 18 d’entre eux ne devaient jamais revoir les leurs.

Leurs noms sont gravés à l’endroit même où dans la nuit du 9 au 10 août 1944, ils ont été fauchés par les obus alliés. Ces obus détruisirent partiellement le Fort et le corps de garde qui fut ensuite reconstruit d‘après les plans de Vauban.

" Samedi 12 août. – Sixième jour de notre détention au Fort National. Visiblement nos forces déclinent mais nous conservons assez de tact pour n’en point trop parler. La faim nous tenaille l’estomac. L’eau de la citerne diminue d’une manière inquiétante. Pourrons-nous tenir longtemps sur notre Ilôt ?

Heureusement – et cela nous réconforte – les opérations militaires paraissent se développer favorablement. Le Château est l’objet de bombardements sévères et les soldats américains ont dépassé sur le Sillon l’Hôtel de la Grotte aux Fées incendié depuis quelques jours. Le tir des Américains est nettement mieux dirigé que les jours précédents. Le Grand Bey devient l’objectif de l’artillerie placée sur les hauteurs avoisinant Dinard ainsi que des batteries assiégeant Saint-Malo par l’Est et par le Sud.

Nous observons les résultats des tirs sur le grand Bey et sur Cézembre où un dépôt de munitions explose ; c’est un dérivatif à notre ennui. Des projets d’évasion s’élaborent mais nous craignons des représailles allemandes allant jusqu’à la destruction du Fort et de ses occupants. Ces craintes n’étaient pas chimériques si l’on en juge par les excès commis par les Allemands en France au cours de leur retraite.

Pourtant profitant de la basse mer, un homme partira cette nuit : il est convenu qu’il signale son arrivée au matin en plaçant un petit drapeau à l’entrée de la Digue de Paramé. (…) Le ciel est noir de fumée ; des morceaux de papier brûlé s’envolent de la ville et parviennent jusqu’au Fort National.

Saint-Malo est devenu un brasier ardent ; tard dans la nuit nous restons à contempler l’incendie qui consume la ruine d’une des Villes les plus pittoresques du Monde. En quelques jours le fruit des efforts des générations qui se sont succédées s’évanouit à tout jamais sous nos yeux effarés. "

Extrait de Un épisode du siège de Saint-Malo, Les otages au Fort National 7-13 août 1944, par Joseph Baladre, 1946.


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